Témoignage de Rachel Nadif, Présidente du comité d’experts scientifiques air

Lorsque je suis devenue experte à l’Anses, j’ai réellement vu comment sont utilisés les résultats des recherches en santé. Notre mission d’experts consiste à analyser les données issues de la communauté scientifique de domaines variés selon les sujets : toxicologie, épidémiologie, modélisation, microbiologie, chimie, etc. Après 30 ans de carrière dans la recherche en biologie et en épidémiologie, cette mission a été une occasion pour moi de redonner du sens à mon travail. En effet, être experte à l’Anses permet de comprendre comment les recherches aident à répondre à une question de santé publique, comme « quels sont les effets sur la santé de l’exposition à des moisissures dans un logement ? » ou « quel est l’impact du trafic routier sur la pollution atmosphérique ? ».

Je n’aurai jamais cru autant apprendre au sein du collectif d’experts. C’est une mission très enrichissante sur le plan humain et intellectuel. Nous sommes tous des scientifiques d’horizons très différents. Nous avons des compétences très variées et chacun a sa manière d’appréhender un problème. Il est donc très stimulant d’apprendre des autres et d’apprendre aux autres. Chacun se doit d’être à l’écoute et ouvert aux regards des autres et d’être capable d’exprimer son avis et son analyse. Nos échanges sont donc une confrontation et un croisement de visions qui deviennent un ensemble complémentaire.

Le collectif a un but : rendre des conclusions à partir d’un produit commun à savoir le rapport d’expertise. Au travers de nos échanges, nous devons faire une synthèse des connaissances scientifiques et fournir une réponse à une question précise. Nous formulons également des recommandations à destination de différents acteurs, que ce soit les autorités, des professionnels ou les citoyens. Nous intégrons également la faisabilité, et la question de l’applicabilité des recommandations. Nos productions scientifiques répondent notamment à des questions de la société. Par exemple, l’expertise sur les microcapteurs a permis d’évaluer l’utilité et la qualité des données sur l’exposition à la pollution de l’air via ces technologies et d’encourager à la conduite de nouvelles études. Pour représenter ce travail collectif j’aime bien citer ce proverbe africain qui dit « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».